Capsule de Papaver nudicaule (pavot d'Islande), coupe transversale, graines et placentas (x1)

 

 

Le pavot (genre Papaver) possède un très joli fruit qui répond en botanique à la définition d'une capsule, c'est à dire un fruit sec qui s'ouvre à maturité pour libérer les graines qu'il contient. Dans le cas du pavot, le mode d'ouverture est qualifié de poricide (ou à clapets) : l'abaissement de certaines parties de la paroi sèche situées au sommet de la capsule, entre les lignes stigmatiques, ménage des orifices par lesquels les graines peuvent sortir quand sous l'effet du vent, la plante se balance. L'ensemble ressemble à s'y méprendre à des sabords d'un vaisseau de pirate.

La capsule du pavot est issue d'un ovaire uniloculaire : en effet, bien que l'intérieur soit divisé en compartiments par des cloisons, ces dernières sont incomplètes, et ne se rejoignent pas dans la partie centrale pour individualiser des loges : l'ovaire n'en possède donc qu'une seule. Les cloisons en question ne résultent pas de la soudure de carpelles entre eux, mais correspondent à des excroissances de la nervure dorsale de chaque carpelle qui se sont avancées vers le centre de l'ovaire. Ce sont ces cloisons, ou placentas, qui portent des ovules anatropes très petits et extrêmement nombreux. La placentation du pavot est dite médiane, un type rarement rencontré chez les plantes à fleurs.

Chez le pavot somnifère (Papaver somniferum), des scarifications pratiquées dans la capsule immature (encore verte) permettent de recueillir un latex blanc qui, après séchage, donne le fameux l'opium. Parmi les alcaloïdes contenus dans ce dernier se trouve la morphine, un analgésique et un narcotique très puissant, qui provoque aussi une forte dépendance. En voulant développer un opiacé aussi efficace mais non addictif, les chimistes ont abouti à partir de la morphine à la synthèse de l'héroïne, dont la toxicité est encore pire. Tout ceci explique que le pavot somnifère soit, principalement pour sa remarquable capsule et en raison de ses propriétés médicinales, cultivé et exploité depuis l'Antiquité.

La coupe d'une capsule de pavot d'Islande (Papaver nudicaule) présentée sur cette page a été colorée par de l'Etzold FCA : les cellules à parois lignifiées sont colorées en rouge/rose par la fuchsine basique, celles à parois subérifiées (quand elles sont présentes) apparaissent en jaune/brun grâce à la chrysoïdine, et celles dont les parois sont restées cellulosiques sont teintées en bleu par le bleu astral.

De la périphérie vers le centre, on peut notamment distinguer :

  • Les parois carpellaires des carpelles soudés entre eux, avec ici et là des poils épidermiques, ainsi que des faisceaux vasculaires bien visibles situés en vis à vis des placentas : ce sont les nervures principales dorsales des carpelles.

  • Les volumineux placentas, en forme de croix, qui sont ici au nombre de six et qui s'avancent vers le centre de l'organe.

  • Un très grand nombre de petites graines, le plan de coupe permettant de distinguer pour certaines d'entre elles le funicule qui les relient aux différents placentas.

 

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