Fruit du tulipier de Virginie (Liriodendron tulipifera), coupe transversale (x1)

 

 

Le tulipier de Virginie (Liriodendron tulipifera) est un arbre majestueux appartenant à la famille des Magnoliacées. Son nom vient du fait qu'il produit de grandes fleurs ressemblant à des tulipes, et qui pour nous européens sont surprenantes à voir apparaître sur une plante aussi imposante qu'un arbre. À maturité, la fleur du tulipier possède 9 tépales (c'est ainsi que l'on désigne une pièce florale dont on ne peut dire avec certitude s'il s'agit d'un sépale ou d'un pétale). On compte un verticille de trois tépales externes vertes sépaloïdes, et deux verticilles de trois tépales pétaloïdes jaune orangé. L'androcée (la partie mâle de la fleur) est représenté par de nombreuses étamines très longues. Ces dernières entourent un ensemble relativement important (60 à 70) de carpelles libres (le gynécée) disposés en spirale le long d'un réceptacle central étiré en colonne (le thalamus). Les ovaires sont supères, et protégent deux ovules. Ils sont prolongés par un style long et acuminé (terminé en pointe), et porteur d'un stigmate décurrent.

Chez le tulipier, la floraison (qui a lieu suivant le climat entre mai et juillet) ne se produit qu'au bout de 20 à 30 ans. Après la pollinisation, qui s'effectue principalement par le biais d'insectes attirés par le nectar produit à la base des tépales pétaloïdes, les fleurs vont laisser place à des fruits, dont il va être question ici. Ces derniers prennent l'aspect de cônes écailleux, et résultent de la transformation des carpelles en un agrégat d'akènes (fruits secs indéhiscents). Chaque akène est porteuse d'une aile membraneuse, ce qui en fait des samares. Avec l'arrivée de l'automne, les samares se séparent les unes des autres et sont dispersées par le vent. Bien que les ovaires abritent deux ovules, les samares ne contiendront qu'une seule graine.

Le fruit du tulipier de Virginie est un bon exemple d'un fruit agrégé ou composé. Issu d'un gynécée constitué de plusieurs carpelles libres (donc d'une fleur dialycarpellée) et réunis en une seule masse, ce fruit est aussi qualifié de polycarpé ou de syncarpé. Chaque élément individuel qui se dissocie du fruit une fois ce dernier parvenu à maturité est un méricarpe. Dans le cas du tulipier, les méricarpes sont donc les akènes ailées à une seule graine. Cette structure relativement complexe ressort bien sur une coupe transversale observée au microscope. La section transversale présentée ci-dessus a été colorée par l'Etzold FCA : les cellules à parois lignifiées sont colorées en rouge/rose par la fuchsine basique, celles à parois subérifiées (quand elles existent) apparaissent en jaune/brun grâce à la chrysoïdine, et celles dont les parois sont restées cellulosiques sont teintées en bleu par le bleu astral.

La coupe transversale d'un fruit du tulipier de Virginie permet de distinguer :

  • Le réceptacle central (le thalamus), avec deux cercles de faisceaux cribro-vasculaires.

  • Un certain nombre de carpelles pressés les uns contre les autres, coupés soit au niveau de l'emplacement de l'ovaire supère (qui laisse alors apparaître les ovules), soit au niveau de l'emplacement du style (accrescent, c'est sa transformation qui donnera l'aile des akènes). L'étroite imbrication concentrique des différents carpelles autour du réceptacle apparaît de manière nette.

  • Les futures graines qui résulteront de la transformation des ovules, et qui apparaissent ici souvent groupés par deux.

  • Un sclérenchyme, représenté ici par des sclérites colorées en rose et principalement disséminées au niveau des styles (les futures ailes des samares). A ce stade, le fruit est encore très peu lignifié (la coupe étant majoritairement bleu). Cette situation changera avec le temps pour aboutir à un fruit qui sera une fois parvenu à maturité totalement sec.

 

 
Fruit du tulipier de Virginie (Liriodendron tulipifera), coupe transversale, sclérites, faisceaux vasculaires, et délimitation des samares, Etzold FCA (x10) Fruit du tulipier de Virginie (Liriodendron tulipifera), coupe transversale, sclérites, faisceaux vasculaires et délimitation des samares, Etzold FCA (x10)  

 

Labrot © 1997-2025. Dernière mise à jour : 5 août 2023. Des commentaires, corrections ou remarques ? N'hésitez pas, écrivez moi! index