Follicules d'hellébore noire (Helleborus niger), coupe transversale (x1)

L'hellébore noire (Helleborus niger) est une plante vivace appartenant à la famille des renonculacées. Poussant naturellement dans les sous-bois et les prairies de montagne, elle résiste très bien aux basses températures et possède une floraison hivernale, qui peut même se produire sous le manteau neigeux. Nous allons nous intéresser ici à ses fruits, qui sont de type follicule, étant donné que ceux-ci illustrent à merveille ce que l'on appelle en botanique un carpelle.

La coupe des follicules d'une fleur unique d'hellébore noire présentée sur cette page a été colorée par de l'Etzold FCA. Ce mélange colorant à la propriété de colorer les cellules à parois lignifiées en rouge/rose par l'intermédiaire de la fuchsine basique, celles à parois subérifiées (quand elles sont présentes) ressortent en jaune/brun grâce à la chrysoïdine, et enfin celles dont les parois sont restées cellulosiques sont teintées en bleu par le bleu astral. Comme nous pouvons le voir, la coupe est globalement bleue, et les tissus lignifiés ne sont pratiquement pas représentés, sauf au niveau des nervures.

Chaque élément ovoïde visible de la coupe est un follicule, une cavité close constituée d'un seul carpelle. Le mot carpelle provient du grec angios, caché, et sperma, la graine : il signifie donc ce qui cache les graines, c'est à dire le fruit. Un carpelle est une feuille fertile repliée sur elle-même le long de sa nervure principale et dont les deux bords sont soudés entre eux en une ligne suturale. C'est le long de cette dernière que sont disséminés les ovules, c'est à dire les futures graines (tandis que le destin du carpelle est comme nous l'avons dit de se transformer en fruit). Un carpelle comporte à la base un ovaire, qui est surmonté d'un style terminé lui-même par un ou plusieurs stigmates, l'ensemble formant un pistil (ou gynécée, la partie femelle d'une fleur). Le carpelle est un organe qui caractérise l'immense groupe des plantes à fleurs donnant des fruits (les angiospermes). Chez les gymnospermes (qui sont aussi des plantes à fleurs), les ovules sont nus, et ils ne sont pas protégés par des carpelles (par conséquent les graines sont également nues, et il n'y a pas de fruits).

La fleur d'hellébore choisie pour la coupe comptait 8 follicules, qui sont tous ici sectionnés transversalement au niveau de leur base. La plupart d'entre eux montrent la nervure principale, située sur le dos du follicule, et à l'opposée, la zone de soudure des deux bords. Chacune des extrémités d'un carpelle est vascularisée par une nervure marginale et hypertrophiée en un renflement que l'on appelle placenta, et sur lequel viennent s'insérer les ovules. Sur le follicule situé au centre (et dans une moindre mesure celui positionné en bas à droite), on voit clairement que les ovules sont localisés au niveau de la zone suturale sur des bourrelets, à l'opposé de la nervure dorsale.

Chez l'hellébore, les follicules sont nettement individualisés (on dit qu'ils sont libres), et ils constituent un gynécée dialycarpellé. Mais chez d'autres plantes, on peut repérer une tendance des carpelles à s'accoler entre eux. Ainsi, si ceux-ci se soudent par leurs parois latérales, ils forment alors un ovaire gamocarpique à plusieurs loges (pluriloculaire, une loge par carpelle), à moins que les parois internes des loges ne disparaissent, pour donner naissance à un ovaire uniloculaire (à une seule loge). Bien que fusionnés aux autres, chaque carpelle peut garder son propre style, mais ces derniers peuvent également se souder entre eux. Comme on peut le voir, à partir du modèle simple qu'est le follicule, toutes les combinaisons sont possibles. Plusieurs sont illustrées sur ce site, comme la gousse du haricot, la silique de la capselle, la capsule du pavot et du datura, etc.