Strobile de lycopode (Lycopodium), coupe longitudinale, sporophylles, sporanges et spores (x4)

 

 

Les lycopodes sont des plantes herbacées de petites tailles qui, de prime abord, ressemblent à des mousses, mais qui ont en fait été rangées parmi les ptéridophytes. Elles possèdent des tiges horizontales rampantes et ramifiées par dichotomie, munies de racines et d'où partent par endroits des tiges dressées. Végétaux vasculaires, les lycopodes possèdent des tissus conducteurs qui forment un cylindre central (protostèle) au centre des racines et des tiges. Des feuilles miniatures archaïques à une seule nervure centrale, les microphylles, sont directement insérées en spirale, de manière plus ou moins dense, sur les tiges. A cause de leur extension sur le plan horizontal, les lycopodes sont sensibles au piétinement, à tel point qu'ils sont actuellement menacés d'extinction en milieu naturel, et par conséquent protégés par la loi.

Pour se reproduire, les lycopodes développent à l'extrémité de certains rameaux des feuilles fertiles (les sporophylles), qui mises ensemble délimitent un épi sporangifère terminal appelé strobile. A l'aisselle de ces feuilles, au niveau de leur face supérieure, se trouve un unique sporange réniforme à déhiscence apicale et à paroi multi-assisiale (eusporange). Comme chez les fougères, les sporanges sont tous identiques et ne produisent qu'un seul et unique type de spores, qui en germant donnent naissance à un prothalle bisexué : il y a donc isosporie et isoprothallie.

Constituant un matériau très inflammable lorsqu'elle est jetée dans une flamme, la poudre jaune de spores séchées de lycopode a été utilisé dans un passé reculé pour produire des effets pyrotechniques (les chamans s'en servaient notamment au cours de certaines cérémonies). Aujourd'hui, elle possède toujours plusieurs usages aussi étonnants les uns que les autres, et des quantités non négligeables sont récoltées et vendues chaque année, ce qui est il faut l'avouer un peu paradoxal pour une plante en voie de disparition.

Chez les lycopodes, les spores ne germent pas immédiatement, et peuvent rester en dormance plusieurs années de suite. De façon similaire, le prothalle issu de leur germination se développe lentement, autant d'éléments qui ne favorisent pas une reproduction sexuée efficace (pour compenser, les lycopodes peuvent cependant aussi se propager par voie végétative grâce au fractionnement de leurs stolons). Souterrain, possédant l'aspect d'un tubercule miniature, le prothalle porte les organes sexuels mâles et femelles (les gamétanges) sur sa face supérieure. Un point notable est le fait que le prothalle des lycopodes doit impérativement être colonisé par un champignon pour survivre et croître. Cette symbiose se poursuivra d'ailleurs chez l'individu feuillé, étant donné qu'il est possible d'observer au niveau des racines des lycopodes des endo-mycorhizes à arbuscules. En cas de fécondation réussie entre un anthérozoïde et une oosphère, un nouveau sporophyte apparaîtra sur le prothalle, pour ensuite devenir autonome. Comme son nom l'indique, il finira un jour par porter des sporanges, bouclant ainsi le cycle fait d'alternance de générations des ptéridophytes.

Comme les prêles, les lycopodes étaient très diversifiés dans le passé. Durant l'ère primaire ils existaient sous des formes arborescentes aujourd'hui éteintes (Sigillaires et Lépidodendrons de grandes dimensions), et mélangés aux prêles, leur accumulation est à l'origine de la houille. Aujourd'hui, les lycopodes ne sont plus que des témoins timides d'un lointain passé où ils régnaient en maître sur des forêts dont il n'est sans doute pas possible se faire une idée juste de leur étrangeté et de leur beauté.

 

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