Fronde de polypode (Polypodium vulgare) avec sore et sporanges, coupe transversale (x4)

 

 

Le polypode vulgaire (Polypodium vulgare) est une jolie fougère que l'on peut facilement rencontrer dans les sous-bois forestiers, ainsi que dans nos environnements urbains, agrippée sur le tronc des arbres ou les pierres des vieux murs. Vivace et rustique, elle possède d'un rhizome (tige souterraine) d'où émane à chaque printemps des pousses vertes feuillées. D'abord repliées sur elles-mêmes en une crosse d'évêque caractéristique, les feuilles (appelées frondes) se déploient ensuite pleinement. Ce déroulement souvent rapide est dû à une vitesse de croissance plus rapide des cellules situées sur la face inférieure des frondes.

Le pied feuillé d'une fougère représente le sporophyte diploïde, qui, comme son nom l'indique, va devoir produire des spores réductionnelles, avec un nombre de chromosomes divisés par deux (l'autre phase, celle du gamétophyte haploïde, est représenté par le prothalle). Chez la plupart des fougères, les organes de production des spores, les sporanges, se forment au niveau de la face inférieure des frondes, de part et d'autre des nervures secondaires. Ils sont rattachés au limbe par des pédicelles (ou pédoncules). Le regroupement des sporanges en amas (ou en bandes) porte le nom de sores. Le polypode possède des sores nus, mais chez d'autres espèces, les sores peuvent être recouverts et protégés par une extension membraneuse de l'épiderme, appelée indusie. D'abord verte, l'indusie brunit et se fane lorsque les sores parviennent à maturité. Il arrive aussi que les sores soient rangés sous un repli des bordures de chaque fronde (c'est alors une fausse-indusie).

Chaque sporange se forme à partir d'une seule cellule épidermique. Cette dernière va se cloisonner pour former un organe lenticulaire qui comporte au début une seule couche périphérique de cellules protectrices (caractéristique des leptosporanges) et une unique cellule centrale pyramidale. Cette cellule génératrice va continuer à se diviser sur ses quatre faces pour fabriquer une seconde assise qui deviendra un tapis nourricier pour les spores en formation (un peu à l'image de l'assise nourricière des anthères chez les plantes à fleurs, même s'il ne faut absolument pas confondre une spore avec un grain de pollen, étant donné que ce dernier est un gamétophyte entier, soit un peu l'équivalent d'un prothalle).

Finalement, l'archéspore située au centre du sporange va engendrer des cellules mères sporogènes, qui vont s'engager dans une méiose pour donner naissance à des tétrades de spores haploïdes (réduction chromatique). Chez le polypode, une fois parvenues à maturité, ces spores sont libérées par le déchirement de la paroi fine du sporange, sous l'effet de la contraction d'une structure remarquable l'anneau mécanique. En germant, les spores donneront naissance à un filament chlorophyllien, puis à une lame verte aplatie pourvue de rhizoïdes, le prothalle (qui constitue donc l'haplophase du cycle de reproduction des fougères).

Pour ce qui est de la fronde des fougères elle-même, on peut noter que sa structure est complexe, et qu'elle possède déjà de nombreux caractères évolués que l'on retrouvera chez les végétaux supérieurs. Outre les tissus vasculaires (xylème et phloème), on peut en effet distinguer un épiderme, un mésophylle (homogène dans le cas du polypode, mais parfois différencié en parenchyme palissadique avec ses cellules rectangulaires riches en chloroplastes serrées les unes contre les autres et en parenchyme lacuneux), et des stomates qui permettent les échanges gazeux.

 

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