Dar al Gani 476 (Crédit photo : droits réservés)

Dar al Gani 476
489/670/735/876/975/1037/1051

chute observée trouvaille

Date :
Lieu :
Poids :
Age :
Type :

1996 - 1999
Dar al Gani (Libye)
6680 g
474 millions d'années
Shergottite
(appauvrie, permafique, à olivine et orthopyroxène)

Dar al Gani 476 a été trouvée le 1er mai 1998 dans le désert du Sahara libyen, au niveau de la région de Dar al Gani, entre les villes de Zillah, Sabha et Tmassah. La découverte est historique : dénichée par un chercheur de météorites, Dar al Gani est effectivement la première météorite martienne à atterrir directement dans des mains privées. Le temps où seuls les musées et les universités pouvaient se vanter de posséder des cailloux martiens semble donc être révolu, et les roches de la planète rouge commencent maintenant à enrichir les collections privées. Notons que les météorites martiennes valent bien plus que leur poids en or : le prix moyen du gramme est de 1000 € ! Dar al Gani 476 est aussi la première pierre martienne extraite des sables d'un désert chaud.

DaG 476 (d'un poids de 2015 g) provient apparemment de l'explosion d'une météorite de plus grande taille qui s'est disloquée lors de la traversée de l'atmosphère terrestre, car plusieurs autres fragments ont ensuite été récoltés : DaG 489 (2146 g) en 1997, DaG 670 (3 fragments d'un poids total de 1619 g) entre 1998 et 1999, DaG 735 (588 g) entre 1996 et 1997, DaG 876 (6,2 g) en 1998, ainsi que Dag 975 (27,55 g) et Dag 1037 (278 g) en 1999. Les fragments ne présentent pratiquement pas de croûte de fusion, et certains côtés sont recouverts d'une patine brune typique des roches désertiques (ce qui a du rendre l'identification particulièrement difficile). D'autres fragments pourraient encore être découverts dans les années à venir.

D'un point de vue pétrographique, Dar Al Gani a été classée parmi les shergottites basaltiques (bien que chimiquement parlant, elle s'approche plus d'une lherzolite que d'un basalte). Les 7 fragments sont très similaires entre eux, et ressemblent également fortement aux météorites Sayh al Uhaymir et EETA 79001.

La météorite, qui présente une texture porphyrique, est composée de larges cristaux (mégacristaux) d'olivine enchâssés dans une matrice à grains fins constituée de pyroxènes (principalement pigeonite, enstatite et augite), de plagioclases (choqués en maskelynite), de composés opaques et de verres de fusion. On trouve également d'autres minéraux minoritaires : oxydes (chromite, ilménite), phosphates (chlorapatite, merrillite, whitlockite), sulfures (pyrrhotite) et silicates (iddingsite).

L'origine martienne de Dar al Gani a été confirmée par l'étude chimique (anomalie isotopique de l'oxygène) et minéralogique, ainsi que par l'analyse des gaz piégés au sein de la roche (ces derniers possèdent une composition très proche de l'atmosphère martienne, dont l'analyse chimique a été effectuée en 1976 par les atterrisseurs Viking).

DaG est âgée de 474 millions d'années. Elle a été éjectée de la surface martienne il y a environ 1 million d'années lors d'un impact particulièrement violent. La météorite porte d'ailleurs encore les cicatrices de ce traumatisme : les olivines sont déformées, les cristaux de pyroxènes sont parfois imbriqués l'un dans l'autre, les plagioclases ont été transformés en maskelynite, et les verres de fusion (sous forme de poches ou de veines) sont abondants.

Après avoir errée dans l'espace interplanétaire, Dar al Gani est venue s'écraser en Afrique du Nord il y a 60 000 ans. La pierre a alors subi une altération non négligeable de type désertique, comme le prouve la présence de calcite terrestre dans les fissures de certains fragments. Ce séjour prolongé dans un désert chaud et la contamination possible par des organismes microbiens terrestres va rendre très difficile, voire impossible, la recherche d'éventuels fossiles de microorganismes martiens.

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