Les satellites de Mars |
Phobos comme vous ne l'avez jamais vu !
Phobos, l'un des deux satellites de Mars, a été observé avec succès par la caméra à haute résolution (MOC) et le spectromètre d'émission thermique (TES) de la sonde Mars Global Surveyor. Les données présentées ici proviennent du deuxième passage (trois passages ont été réalisés, le 7, le 19 et le 31 août). La planification des activités de la sonde en vue d'étudier Phobos a été fortement compliquée par le fait qu'aucune détermination précise de l'orbite du satellite n'avait été faite depuis 10 ans. L'absence de données précises et récentes sur sa position a rendu difficile le pointage des instruments. Mais le résultat est surprenant. Les images renvoyées par la sonde sont spectaculaires, et certaines montrent des détails que l'on avait jamais vu auparavant. L'image A est l'une des meilleures images jamais prises du satellite Phobos. On y distingue plusieurs caractéristiques intéressantes associées à l'important cratère d'impact visible en haut à gauche, le fameux cratère Stickney. Avec 10 km de diamètre (Phobos lui même ne mesure qu'une vingtaine de kilomètres), c'est le cratère d'impact le plus important du satellite martien. Les rectangles blancs indiquent l'emplacement des images B et C. Ils mesurent chacun 1,92 km de côté. Le spectromètre d'émission thermique (TES) a réalisé des mesures pendant que la caméra enregistrait les images de Phobos. Les températures relevées apparaissent sur l'image. On voit clairement que la température passe de -112°C dans les régions non ensoleillées pour monter quelques kilomètres plus loin à -4°C, au niveau des zones éclairées par les rayons du Soleil. Cet écart énorme de température entre le jour et la nuit indique que la surface de Phobos est composé de très petites particules qui perdent rapidement leur chaleur dès que le Soleil cesse de les éclairer (notons que Phobos ne bénéficie pas non plus d'une atmosphère pour retenir sa chaleur pendant la nuit). Phobos est donc recouvert d'une épaisse couche de poussière, d'au moins 1 mètre de profondeur. La surface initiale solide a été littéralement réduite en poudre par les innombrables impacts météoritique que celle ci a subit pendant des millions d'années. Les mesures effectuées par le TES vont également permettre de connaître la nature, la taille et la composition de la surface de Phobos. L'image B laisse apparaître des gros rochers isolés sur l'anneau extérieur du cratère Stickney, qui ont sans doute été éjectés au moment de l'impact. Certains des blocs mesurent 50 mètres. Les cicatrices de l'impact sont nombreuses sur Phobos, et les rainures qui partent du cratère pour se prolonger sur de grandes distances en font partie (elles sont bien visibles sur l'image A). Phobos a subit un choc considérable lorsque Stickney s'est formé, et le satellite n'est pas passé très loin de la pulvérisation ! L'image C montre des coulées sur la paroi intérieure du cratère Stickney (les traînées sombres et claires). Les différences de couleurs tendent à démontrer que le matériel qui constitue le satellite est hétérogène. Cette vue est absolument époustouflante. La paroi abrupte du cratère tranche magnifiquement avec le noir de l'espace. On a presque l'impression que la ligne de crête sépare d'un côté le vide spatial et de l'autre la paroi interne de Stickney. Le mouvement des débris sur le mur du cratère témoigne que la gravité qui règne sur Phobos, bien que très faible (1/1000ème de la gravité terrestre), n'en est pas moins efficace. Notons qu'une personne de 68 kilogrammes sur Terre aurait l'impression de ne peser que 57 grammes sur Phobos (rappelons que la masse d'un corps ne change pas, contrairement au poids, qui dépend lui de la gravité). Cela fait en tout cas un sacré régime ! Les images fournies par les sondes Viking n'avaient pas la résolution suffisante pour mettre en évidence l'action de la gravité à la surface de Phobos. |
A B C |
Labrot © 1997-2024. Dernière mise à jour : 21 janvier 2000. Des commentaires, corrections ou remarques ? N'hésitez pas, écrivez moi! | index |