Cladode de fragon petit-houx (Ruscus aculeatus), coupe transversale (x2,5)

La coupe d'un cladode de fragon petit-houx présentée sur cette page a été colorée par de l'Etzold FCA : les cellules à parois lignifiées sont colorées en rouge/rose par la fuchsine basique, celles à parois subérifiées (quand elles sont présentes) apparaissent en jaune/brun grâce à la chrysoïdine, et celles dont les parois sont restées cellulosiques sont teintées en bleu par le bleu astral.

Sur la coupe en question, du haut vers le bas, on peut distinguer :

• Un épiderme constitué d'une monocouche de cellules, revêtu par une cuticule relativement épaisse et percé de nombreuses stomates.

• Un parenchyme chlorophyllien assimilateur à petites cellules rondes.

• Une bande de parenchyme central non chlorophyllien, formé de deux à trois couches de grosses cellules à parois minces.

• Un ensemble de nervures (on en compte 22) toutes parallèles entre elles, et dont la plus importante est sans surprise la nervure centrale. Chaque nervure comporte un faisceau cribro-vasculaire avec un massif de phloème surmontant un amas de xylème. Cette situation est anormale, étant donné que dans une feuille, le xylème, qui est toujours en position ventrale, surplombe le phloème, qui est lui en position dorsale. Cette bizarrerie s'explique par le fait que les cladodes du fragon petit-houx sont vrillées à leur base, ce qui fait que la face supérieure (adaxiale) est tournée vers le bas, et la face inférieure vers le haut. Chaque faisceau cribro-vasculaire est par ailleurs entouré par une gaine relativement épaisse de fibres de sclérenchyme (qui rappelle un peu celle du Phormium tenax).

• Dans la partie basse du cladode, on retrouve un parenchyme chlorophyllien assimilateur à petites cellules rondes en tout point identique à celui rencontré plus haut, ainsi qu'un épiderme avec cuticule et stomates.

Diagnose sur la coupe : La symétrie bilatérale, ainsi que la forme aplatie de l’organe laisse penser à une feuille. Cependant, chez les feuilles, le xylème est toujours en position ventrale, tandis que le phloème est en position dorsale, alors que c'est l'inverse ici. Cette étrangeté particulièrement dérangeante s'explique par le fait que nous avons ici affaire à une tige modifiée vrillée à la base, et non une véritable feuille (une déduction qui, il faut l'avouer, n'est pas facile à poser, même si à la réflexion, les marges rectangulaires font également plutôt tige que feuille).

Quoi qu'il en soit, les stomates situés sur les épidermes supérieurs et inférieurs ainsi que la cuticule indiquent un organe aérien. Le fait que les nervures soient toutes parallèles entre elles, l’absence notable de tissus conducteurs secondaires, l'homogénéité du mésophylle constituent autant de critères permettant de penser qu’il s’agit d’une monocotylédone. L'épaisseur de la cuticule, ainsi que l'importance du sclérenchyme indiquent que la plante, adaptée à un milieu sec, doit être amenée à limiter ses pertes en eau.