Tige de laîche des renards (Carex vulpina), coupe transversale (x4)

 

 

Les laîches (Carex) forment un genre très riche de plantes herbacées vivaces (plus de 2000 espèces), qui affectionnent particulièrement les lieux humides ou inondés de nos contrées froides et tempérées (berges de rivières et de lacs, marais, étangs, etc.). Leurs feuilles persistantes possèdent la caractéristique d'avoir des bords finement dentés, ce qui leur confère un aspect coupant. Quant à leurs tiges, elles ont la particularité d'être à section triangulaire.

La coupe transversale d'une tige de la laîche des renards (Carex vulpina) présentée ci-dessus a été colorée par l'Etzold FCA : les cellules à parois lignifiées sont colorées en rouge/rose par la fuchsine basique, celles à parois subérifiées (quand elles existent) apparaissent en jaune/brun grâce à la chrysoïdine, et celles dont les parois sont restées cellulosiques sont teintées en bleu par le bleu astral.

Depuis la périphérie vers le centre de la tige, on peut distinguer :

  • Un épiderme monocellulaire lignifié recouvert d'une cuticule très épaisse et bien visible, et qui est par endroits interrompue pour laisser place à des stomates, dont on distingue nettement les cellules de garde.

  • Un parenchyme cortical ponctué de nombreuses lacunes, qui correspondent parfois à des chambres sous-stomatiques, mais qui pourraient également définir un aérenchyme.

  • Des faisceaux cribro-vasculaires disposés sur un seul cercle, composé d'une alternance de grands faisceaux et de petits faisceaux en nombre plus ou moins égaux. Les faisceaux sont ici de type collatéraux fermés. Dans un faisceau de ce type, xylème et phloème sont positionnés de la même manière que dans un faisceau ouvert (superposés), mais ils sont en contact direct, le cambium ayant été totalement épuisé. Chaque faisceau comporte du xylème disposé en V (proto-xylème et méta-xylème), avec une lacune de résorption situé du côté du pôle ligneux, un amas de phloème niché au milieu des branches du V, et enfin un massif de parenchyme vasculaire. La différentiation du xylème est centrifuge (sa croissance s'est effectuée de l'intérieur vers l'extérieur de la tige). Les tissus conducteurs sont entourés par une gaine de sclérenchyme, qui est particulièrement imposante dans le cas des grands faisceaux. Les tissus secondaires sont absents.

  • Un parenchyme médullaire formé de grosses cellules dont la paroi est partiellement lignifiée, et qui s'est fortement résorbé au centre de la tige, délimitant ainsi une grande lacune centrale de forme triangulaire.

Diagnose sur la coupe : le fait que phloème et xylème soient superposés, et que le xylème soit de surcroît à différentiation centrifuge sont deux indices qui indiquent que nous avons ici affaire à une tige. Celle-ci est aérienne, comme le prouve la présence de stomates au niveau d'un épiderme très cutinisé et l'existence d'un important manchon de tissu de soutien (sclérenchyme) au niveau de certains faisceaux cribro-vasculaires. Le nombre relativement important de faisceaux, leur forme générale (en V), leur type (collatéraux fermés) et enfin l'absence de structures secondaires orientent vers une monocotylédone. La cuticule présente au niveau de l'épiderme, et l'importance de la lignification (sclérenchyme) sont des adaptations qui suggèrent que la plante cherche à se prémunir contre des pertes en eau trop importantes, en période de sécheresse notamment.

 

   
Tige de laîche des renards (Carex vulpina), coupe transversale, détail des faisceaux cribro-vasculaires, Etzold FCA (x20)    

 

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