Sporocarpe de Marsilea strigosa, coupe longitudinale horizontale (x2,5) |
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Marsilea
strigosa est une petite fougère aquatique
appartenant à l'ordre des hydroptéridales, qui possède un feuillage
similaire à celui d'un trèfle à quatre feuilles. Sa reproduction sexuée implique
une structure botanique tout à fait unique et fort complexe, le
sporocarpe, qui fait l'objet de cette page. Les sporocarpes de Marsilea ressemblent à de petites
poches lenticulaires ou réniformes, montées sur un court pédicelle, lequel est inséré
à la base du
pétiole,
lui-même fixé sur un rhizome. Il s'agit d'un organe
sophistiqué, qui ne révèle son organisation que grâce à des séries de
coupes effectuées dans différents plans. Les botanistes estiment que le
sporocarpe des Marsilea trouve son origine dans le repliement
bord à bord d'une foliole fertile portant sur sa face inférieure
(interne) des amas de sporanges protégés par des indusies. La coupe d'un sporocarpe mature, brun, de Marsilea strigosa présentée ici a été réalisée sur un plan longitudinale horizontal (ou dorso-ventral). Sa coloration a été effectuée avec mon mélange favori, de l'Etzold FCA : les cellules à parois lignifiées sont colorées en rouge/rose par la fuchsine basique, celles à parois subérifiées (quand elles existent) apparaissent en jaune/brun grâce à la chrysoïdine, et celles dont les parois sont restées cellulosiques sont teintées en bleu par le bleu astral. Le plan de coupe choisi permet d'observer les principales caractéristiques du sporocarpe:
Non content de posséder une structure complexe, la sporocarpe dispose également d'un moyen tout à fait remarquable pour disperser ses précieuses spores, une fois les sporanges parvenus à maturité. Si une petite fente est percée dans la paroi d'un sporocarpe mûr et que ce dernier est ensuite placé dans de l'eau, il est possible d'assister médusé à la sortie d'une masse gélatineuse longiforme, dont la longueur est de nombreuses fois supérieure à celle du sporocarpe lui-même, et sur laquelle sont ancrés, à intervalles réguliers, les masses jaunâtres des sores, avec leurs sporanges mâles et femelles. L'ensemble ressemble un peu un convoyeur que l'on trouve dans les pressings, et sur lequel sont suspendus les vêtements. Dans la nature, quand il se retrouve en contact avec de l'eau (dont la présence est impérative), le tissu interne du sporocarpe s'humecte et gonfle, en provoquant l'ouverture en deux du sporocarpe le long d'une ligne de suture. Le cordon muqueux peut alors s'échapper et s'allonger, en transportant les sores avec lui. Les spores sont ensuite libérées dans un deuxième temps sous l'effet de la gélification de l'indusie et de la paroi des sporanges. Si elles parviennent dans un milieu propice à leur germination, les microspores mâles engendrent un minuscule prothalle, qui libérera à terme 16 anthérozoïdes, rendus mobiles grâce à la présence de plusieurs cils. Ces derniers n'ont plus qu'à trouver une mégaspore ayant développé au sein d'un prothalle un archégone, et à féconder l'unique oosphère qui s'y trouve, pour que le cycle recommence. Dans le cas où la quantité d'eau n'est pas suffisante pour provoquer l'ouverture d'un sporocarpe (et donc la libération des spores), ceux-ci peuvent entrer en vie ralentie dans l'attente de conditions meilleures, et survivre ainsi pendant des décennies. Un sporocarpe brunâtre et desséché, collecté dans la nature, peut donc tout à fait être viable. |
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