Bouton floral de rhododendron pontique (Rhododendron ponticum), coupe transversale (x0,5)

 

 

Appartenant à la famille des Ericacées, les rhododendrons affectionnent particulièrement les sols acides des milieux montagneux. Sur le globe, on les trouve surtout en Chine, au Japon, en Inde, en Birmanie, au Tibet, mais il existe également de belles espèces européennes, que l'on peut notamment admirer en France dans les Alpes et les Pyrénées.

Pour ce travail, si j'avais eu le choix, j'aurais effectué des coupes dans des boutons floraux du rhododendron ferrugineux (Rhododendron ferrugineum), dont j'aimais beaucoup rencontrer les inflorescences rose vif lors de mes randonnées dans le massif du Mont Blanc. Pour l'instant, faute de mieux, je me suis rabattu sur le rhododendron pontique (Rhododendron ponticum), originaire de la Mer Noire et que j'ai croisé au détour d'un sentier dans un jardin botanique.

La coupe transversale présentée sur cette page a été colorée par de l'Etzold FCA : les cellules à parois lignifiées sont colorées en rouge/rose par la fuchsine basique, celles à parois subérifiées (quand elles sont présentes) apparaissent en jaune/brun grâce à la chrysoïdine, et celles dont les parois sont restées cellulosiques sont teintées en bleu par le bleu astral.

Observée à faible grossissement, la coupe apparaît très dense, riche en détails et, il faut l'avouer, un peu intimidante en ce qui concerne sa lecture. Cela tient en partie au fait que le bouton floral d'un rhododendron est en réalité une inflorescence, c'est à dire un rassemblement de plusieurs fleurs, serrées les unes contre les autres autour d'un axe central émanant de la tige. Un grossissement plus important montre que les différents tissus sont composés d'un très grand nombre de petites cellules, l'ensemble offrant un spectacle remarquable. Il est difficile, à l'œil nu, de réaliser que la seule l'inflorescence, aussi belle que fragile, d'un rhododendron tient à l'association d'autant de cellules. La beauté apportée par l'action du mélange colorant est de plus aussi renforcée par le fait qu'au niveau de plusieurs structures (pétales, anthères), la vacuole des cellules apparaît vivement colorée par des tannins.

Quand elle est étudiée en détails dans sa totalité, la coupe permet notamment de distinguer :

  • Au centre, l'axe central de l'inflorescence, qui prolonge la tige. Les tissus vasculaires du cylindre central sont bien visibles, tout comme le départ d'un pédoncule floral en bas à droite. L'épiderme de l'axe central porte de surcroît de nombreux poils.

  • Autour de l'axe central, un certain nombre de fleurs (on en compte ici 10). Selon leur position dans l'inflorescence, elles ne sont pas sectionnées sur le même niveau, ce qui participe là encore à la diversité esthétique ainsi qu'à l'intérêt de la coupe.

  • Lorsqu'elles sont sectionnées juste sous leur base, les fleurs montrent leur pédoncule, flanqué de deux petites structures en forme de virgule, les bractéoles.

  • Avec un plan de coupe située un peu plus en hauteur, l'ovaire multiloculaire (5 carpelles) à placentation axile est mis en évidence, entouré par les anthères des étamines. Chaque carpelle comporte un grand nombre d'ovules groupés par paire en position anatrope. Le plan de coupe peut aussi parfois passer par le style.

  • Pour certaines fleurs, on n'aperçoit que les étamines en section transversale (elles sont au nombre de 10 par fleur, ainsi que le montre la fleur située dans le coin supérieur gauche) : la coupe peut passer soit au niveau du filet, soit au niveau des anthères, soit des deux. Les deux loges polliniques, avec chacune deux sacs, sont bien visibles, tout comme la vascularisation du connectif. Dans les sacs polliniques, les grains de pollen sont encore groupés en tétrades (chaque tétrade résultant de la méiose d'une cellule mère). L'ouverture des étamines à maturité s'effectue non pas par des fentes longitudinales, mais par l'intermédiaire de pores sommitaux : la déhiscence est alors qualifiée de poricide, et explique pourquoi les anthères ne montrent pas d'assise mécanique.

  • Le périanthe des différentes fleurs apparaît composé de deux verticilles : le calice, formé du rassemblement de 5 sépales (dont l'épiderme porte de nombreux poils), et la corolle, constituée par 5 pétales. Chez les rhododendrons, les pétales sont souvent plus ou moins soudées entre elles à partir de la base (caractère gamopétale), et dans le cas du rhododendron pontique, elles forment un tube similaire à celui d'une campanule. Sur la coupe, elles se différencient bien des sépales par la richesse en tannins des vacuoles cellulaires.

  • Enfin, le bouton floral est protégé par une série d'écailles, dont le bord interne est très nettement sclérifié.

 

Bouton floral du rhododendron pontique (Rhododendron ponticum), coupe transversale, axe central de l'inflorescence, sépales, pétales, anthères, ovaire multiloculaire, Etzold FCA (x3) L'image ci-dessus est annotée Bouton floral du rhododendron pontique (Rhododendron ponticum), coupe transversale, étamines et style, Etzold FCA (x2,5) L'image ci-dessus est annotée Bouton floral du rhododendron pontique (Rhododendron ponticum), coupe transversale d'une anthère, Etzold FCA (x11) L'image ci-dessus est annotée

 

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