Fruit du ricin commun (Ricinus communis), coupe transversale, détails de la capsule (x1)

Le fruit du ricin est une capsule tricoque ronde et rouge, hérissée d'épines ou d'aiguillons, ces derniers étant d'abord souples et mous, avant de durcir avec le dessèchement du fruit. Une coupe transversale effectuée dans la capsule, comme celle qui est présentée ci-dessus, permet d'apprécier son élégante structure trimérique. On distingue bien le péricarpe (la paroi du fruit), issu de la transformation de l'ovaire après la fécondation. Celui-ci est formé par la soudure bord à bord de trois carpelles, et comprend donc trois loges qui renferment chacune une graine issue d'un ovule anatrope à placentation axile. Pour chaque graine, on peut aisément reconnaître le tégument, un volumineux albumen (tissu de réserve) charnu, et enfin l'embryon. Une fois arrivé à maturité, la capsule du ricin se déploie par six fentes de déhiscence pour pouvoir libérer son contenu. Dans un premier temps, une déhiscence septicide s'effectue le long de la ligne de soudure des carpelles, qui se séparent donc les uns des autres tout en gardant leur septum (la cloison inter-carpellaire), pour donner trois coques. Ensuite, une déhiscence loculicide, qui progresse le long de la nervure dorsale médiane de chaque carpelle, ouvre les coques, ce qui dégage au final les graines.

Les graines du ricin possèdent un tégument externe coriace et marbré ce qui les rend très esthétiques, tout en les faisant aussi un peu ressembler à des tiques, d'où le nom de la plante (ricinus signifiant tique). Provenant d'un ovule anatrope, l'une de leurs faces est parcourue par un raphé, cicatrice laissée par le funicule sur le tégument. Le chalaze est situé à l'un des extrémités, tandis que hile et micropyle se trouvent à l'autre, masqués dans le cas du ricin par une expansion du micropyle formant une protubérance apicale caractéristique, la caroncule.

L'albumen de la graine de ricin est particulièrement huileux, bien qu'il renferme également d'autres substances de réserve comme des protéines. L'huile extraite des graines est riche en triglycérides, dont la ricinoléine qui forme l'espèce majoritaire. Employée depuis l'Antiquité, elle est connue pour ses propriétés purgatives et laxatives, mais elle rentre également dans la composition de savons, de détergents, de peintures, teintures et lubrifiants. Elle possède aussi une multitude d'usages dans l'industrie (par exemple comme carburant pour l'aviation, ou comme bio gazole).

Enfin, il n'est pas possible d'évoquer le ricin sans parler de la ricine. Derrière la beauté de la capsule et des graines se cache en effet une toxine redoutable, sans doute l'une des plus terrifiantes du monde vivant. La ricine est une lectine, c'est à dire une protéine couplée à un glucide (glycoprotéine). Ce composé est capable de s'accrocher à la membrane cellulaire, puis de pénétrer à l'intérieur des cellules où il cible ensuite les ribosomes responsables de l'assemblage des peptides et protéines. Une seule molécule peut inactiver 1500 ribosomes par minute, ce qui entraîne à coup sûr la mort de la cellule touchée. Quand elle est ingérée, la ricine s'attaque d'abord au tractus digestif, mais une fois disséminée dans l'organisme, elle entraîne généralement rapidement une défaillance multiviscérale. Au vu de ses propriétés, on ne sera pas surpris d'apprendre qu'elle a déjà été utilisé à des fins criminelles. Des meurtres et tentatives de meurtres impliquant des agents secrets bulgares munis de parapluie trafiqués et chargés d'un projectile rempli de ricine ont notamment défrayé la chronique à la fin des années 70. Elle est également mise à l'honneur dans l'excellente série Breaking Bad.