Jeune banane sauvage (Musa), coupe transversale (x0,65)

 

 

Originaire d'Asie, le bananier (genre Musa) appartient à la famille des Musaceae. Contrairement à ce que l'on pourrait penser au vu de sa taille, le bananier reste une plante herbacée, dont la pseudo tige est en fait constituée par la superposition des gaines foliaires situées à la base des feuilles, qui sont pour leur part généralement très grandes. L'inflorescence, que l'on nomme régime, est composée d'un certain nombre de groupes (fascicules) d'une à deux dizaines de fleurs disposées en rang. Selon leur position au sein d'un fascicule, les fleurs sont soit femelles, soit mâles, ou bien encore bisexuées. Le fruit du bananier, la banane, provient de la transformation d'un ovaire triloculaire à 3 carpelles soudées. Il est classé parmi les baies charnues.

Chez les espèces sauvages de bananes (dont il va être question ici), le fruit comporte de nombreuses graines issues d'ovules anatropes portées, au sein de chacune des carpelles, par un placenta axile. Au contraire, les variétés de bananes cultivées pour le commerce sont stériles (il s'agit souvent d'hydrides triploïdes), et sont reproduites exclusivement par clonage. Ces bananes sont très riches en pulpe, et ne renferment pas de graines : seuls persistent les ovules avortés, qui ne trahissent leur présence que sous la forme de petits points noirs.

La coupe transversale d'une jeune banane sauvage (prélevée dans le très beau parc Chatuchak à Bangkok en Thaïlande) présentée sur cette page a été colorée par la méthode de Robin Wacker. Avec cette technique, qui apporte souvent de très bons contrastes chromatiques, les cellules à parois lignifiées sont colorées en rouge/rose par le rouge d'acridine, tandis que les cellules dont la paroi est restée cellulosique sont teintées en bleu ou en vert par le bleu alcian. L'acriflavine colore quant à elle d'autres éléments en jaune ou orange, comme les cellules à parois subérifiées ou la cuticule.

De la périphérie vers le centre, on trouve :

  • L'épicarpe, c'est à dire la paroi externe du fruit (la "peau" de la banane), au sein duquel peuvent s'observer de nombreux amas de collenchyme en cours de lignification. De petites zones rouges indiquent également des endroits ou le tissu est en train de se lignifier (ce qui correspond en surface à des taches de brunissement).

  • Le mésocarpe parenchymateux, qui forme la pulpe de la banane. On peut ici aisément constater que la pulpe n'occupe qu'une petite surface, tant les graines prennent de la place. L'utilité pour l'alimentation d'avoir des bananes stériles, sans graines mais avec un grand volume de pulpe charnue, apparaît évidente. On notera que les cellules parenchymateuses ne contiennent pas encore de grains d'amidon, alors que la pulpe des bananes plus âgées en renferme de grandes quantités.

  • L'endocarpe cellulosique, une enveloppe colorée en bleu franc qui entoure chaque graine, et qui possède une nature palissadique.

  • Les graines, qui selon la position du plan de coupe dévoilent plus ou moins leur structure, constituée des éléments suivants :

    • L'enveloppe tégumentaire sclérifiée, qui est formée d'une couche externe complexe et pluristratifiée (on peut distinguer au moins 5 couches, orientées différemment les unes par rapport aux autres), ainsi que d'une couche interne bien plus fine, portant sur sa face interne une cuticule colorée en jaune. Elle délimite deux chambres à l'intérieur de la graine, une grande (qui contient l'embryon et l'endosperme), et une plus petite (qui délimite la masse chalazale).

    • La masse chalazale, qui comme son nom l'indique est située au niveau du chalaze. Constituée de cellules gélatineuses renfermant des composés brunâtres et gorgées d'eau, elle occupe une petite chambre. Elle joue le rôle de réserve d'eau pour le processus de germination, et pourrait également contribuer à expulser le bouchon micropylaire, en exerçant à son niveau une pression hydrostatique. Sans doute à cause de leur teneur en eau, nombre de cellules de la masse chalazale ont été délogées de leur emplacement lors du processus de coupe (qui déshydrate effectivement complètement les tissus).

    • Au niveau de l'une des graines, on peut distinguer le bouchon micropylaire (ou opercule), qui obstrue le micropyle. Ce bouchon ferme la zone de passage par laquelle sortira la jeune plantule.

    • A l'intérieur de la plus grande chambre se trouve l'embryon (aucun n'a été intéressé ici par le plan de coupe), ainsi que son tissu nourricier, l'albumen (ou endosperme). L'endosperme remplit incomplètement la chambres principale. A son niveau et à plus fort grossissement peuvent s'observer de nombreux petits grains d'amidon ainsi que de jolis petits cristaux protéiques colorés en rose, qui sont des grains d'aleurone.

  • Pour terminer, notons que les cloisons carpellaires séparant les loges carpellaires (qui, comme nous l'avons dit, sont au nombre de trois), ne sont ici pas clairement visibles.

 

Jeune banane sauvage (Musa), coupe transversale, Etzold FCA (x0,65) L'image ci-dessus est annotée Jeune banane sauvage (Musa), coupe transversale, détail d'une graine, Etzold FCA (x2,5)  L'image ci-dessus est annotée Jeune banane sauvage (Musa), coupe transversale, détail d'une graine, Wacker (x2,5)  L'image ci-dessus est annotée
Jeune banane sauvage (Musa), coupe transversale, endocarpe, tégument externe et interne, endosperme, Wacker/Z-stacking (x24) L'image ci-dessus est annotée Jeune banane sauvage (Musa), coupe transversale, structure du tégument externe, Wacker/Z-stacking (x23) L'image ci-dessus est annotée Jeune banane sauvage (Musa), coupe transversale, endosperme montrant les grains d'amidon et des cristaux d'aleurone, Wacker (x40) L'image ci-dessus est annotée

 

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