Feuille d'oyat (Ammophila arenaria), coupe transversale du limbe (x4)

 

 

L’oyat ou roseaux des sables (Ammophila arenaria) est une plante que l’on rencontre communément dans les sables maritimes. Elle est souvent plantée pour fixer les dunes. La feuille d’oyat est un bel exemple d’adaptation à la sécheresse (plante xérophyte). Engainante, elle est généralement enroulée dans le sens de la longueur sur elle-même, pour former une gouttière étroite.

Cette coupe transversale dans une feuille d'oyat récoltée sur la très belle île d'Oléron a été colorée par de l'Etzold FCA : les cellules à parois lignifiées sont colorées en rouge/rose par la fuchsine basique, celles à parois subérifiées apparaissent en jaune/brun grâce à la chrysoïdine, et celles dont les parois sont restées cellulosiques sont teintées en bleu par le bleu astral. On note immédiatement que les deux faces du limbe sont très différentes l'une de l'autre (pour s'orienter on peut se rappeler que le xylème est toujours en position ventrale, et le phloème en position dorsale) :

  • La face externe est la face abaxiale (face dorsale). Elle comporte un épiderme à cuticule sans stomates qui est de plus rigidifié par des dépôts de silice. Son rôle est donc de protéger la feuille de la sécheresse et de limiter au maximum la transpiration.

  • La face interne, tournée vers la tige (adaxiale ou ventrale), est moins cutinisée, et entièrement recouvert de longs poils unicellulaires, qui piègent l’air et limitent ses mouvements. L’épiderme lignifié est très plissé, et les stomates ne s’ouvrent que sur le bord des vallécules, situés de part et d’autre des crêtes. Au fond de celles-ci, il est possible d’observer des cellules particulières, dites bulliformes, qui jouent le rôle de charnières, et permettent à la feuille soit de s’ouvrir lorsqu’elles deviennent turgescentes, soit de se replier en gouttière lors d’épisodes secs entraînant une perte d’eau (les cellules bulliformes perdant alors du volume).

Des bandes de mésophylle assimilateur jalonnent les crêtes et les vallécules du côté adaxial. Chaque crête possède une nervure en position basse, flanquée vers le haut par deux piliers latéraux de parenchyme plus ou moins sclérifié. Les faisceaux cribro-vasculaires sont entourés par une gaine périvasculaire de sclérenchyme, en dessous de laquelle se trouve un endoderme en U. Le xylème primaire (proto-xylème et méta-xylème) forme un V dont la pointe est située du côté adaxial. Le phloème est quant à lui situé au-dessus du V, le pôle libérien pointant du côté abaxial.

Diagnose sur la coupe : La symétrie bilatérale, ainsi que la forme aplatie de l’organe signe clairement le limbe d'une feuille. L’épiderme à stomate indique un organe aérien. Le fait que les nervures soient toutes parallèles entre elles (elles sont sans exception toutes coupées orthogonalement), l’absence de tissus conducteurs secondaires au niveau des faisceaux cribro-vasculaires, la présence d'un endoderme en U, la relativement grande homogénéité du mésophylle constituent autant de critères permettant de déterminer qu’il s’agit d’une monocotylédone (la forme en V des faisceaux libéro-ligneux est également un indice allant dans ce sens). Enfin, il est impossible de rater les adaptations remarquables de cette feuille à la sécheresse (cuticule, enroulement, cryptes pilifères à stomates, importance du sclérenchyme, etc.).

 

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