Feuille de lavande hybride (Lavandula intermedia), coupe transversale du limbe (x4)

 

 

Les lavandes sont des arbrisseaux méditerranéens regroupées sous le genre Lavandula et qui appartiennent à la famille des Lamiacées. Très odorantes, elles sont intensivement recherchées et utilisées en parfumerie. Une coupe fine pratiquée dans une feuille et observée au microscope permet de découvrir pourquoi.

La coupe transversale du limbe d'une feuille de lavande hybride présentée ci-dessus a été colorée par le mélange safranine/vert rapide : les cellules à parois lignifiées sont colorées en rouge par la safranine (qui met également en évidence certains organites intracellulaires), et celles dont les parois sont restées cellulosiques sont teintées en vert par le vert rapide. Ici la différentiation de la safranine par l'alcool n'a pas donné un résultat exceptionnel, mais la coloration a néanmoins mis en évidence plusieurs caractéristiques intéressantes.

De la face supérieure vers la face inférieure, on peut en effet distinguer :

  • Un épiderme constitué d'une seule couche cellulaire, avec une cuticule (difficilement visible ici), et qui porte un grand nombre de poils. Cet imposant feutrage est responsable de l'aspect argenté caractéristique des feuilles de lavande. En regardant plus attentivement, on distingue deux sortes de poils épidermiques :

    • des poils tecteurs pédonculés et pluricellulaires : ils sont constitués par une cellule basale servant de pied, et qui porte à son sommet plusieurs cellules rayonnantes, déployées comme les baleines d'un parapluie. Recouvrant les deux épidermes, leur fonction est de protéger la feuille des agressions extérieures et de réduire les pertes en eau par évaporation.

     
    • des poils sécréteurs, plus rares, au niveau desquels est synthétisé l'huile essentielle qui fait toute la renommée de la lavande. Ils possèdent eux aussi une cellule basale, qui est surmontée d'une tête globuleuse formée (lorsque le poil est arrivé à maturité) par 4 à 8 cellules sécrétrices. L'essence est secrétée à l'extérieur des parois cellulaires, et s'accumule entre ces dernières et la cuticule, pour former une vésicule gonflée remplie de produits de sécrétion. Hélas, la technique utilisée pour faire cette coupe (inclusion en paraffine) possède l'inconvénient majeur de déplacer les composés lipidiques lors de la déshydratation et de l'imprégnation en paraffine, et par là même de vider de leur contenu les poils sécréteurs, dont la partie sommitale s'affaisse alors sur elle-même. Ceci explique que seuls les poils en développement soient correctement observables ici.

  • Un mésophylle homogène, au niveau duquel il n'est pas vraiment possible de distinguer parenchyme palissadique et parenchyme lacunaire. Nous avons donc affaire ici à une feuille monofaciale (ou unifaciale).

  • Une nervure centrale avec un faisceau cribro-vasculaire (xylème ventral et phloème dorsal, qui ne sont pas ici bien individualisés par la coloration), et flanquée en haut et en bas par deux imposants massifs de collenchyme à grosses cellules.

  • Un épiderme inférieur, ou sont notamment situées les stomates permettant les échanges gazeux.

Diagnose sur la coupe : La symétrie bilatérale, ainsi que la forme aplatie de l’organe signe clairement le limbe d'une feuille. La nature homogène du mésophylle (où il n'est pas possible de distinguer parenchyme palissadique et parenchyme lacunaire) pourrait laisser penser que nous avons affaire à une monocotylédone, mais ce n'est pas le cas ici. L'importance du trichome (ensemble des poils) sur les deux faces de l'épiderme, la position des stomates au niveau de l'épiderme inférieur ainsi que la présence d'une cuticule (plus épaisse au niveau de l'épiderme supérieur) sont des indices qui indiquent que la plante est amenée à se développer en milieu sec, et par conséquent à réduire ses pertes en eau. La présence de poils sécréteurs doit aussi être notée.

 

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