Feuille de laurier rose (Nerium oleander), coupe transversale au niveau de la nervure centrale (x20)

 

 

Le Laurier rose (Nerium Oleander) est un arbuste appartenant à la famille des apocynacées qui possède de jolies feuilles fermes, allongées et fusiformes (qui sont aussi, comme le reste de la plante, extrêmement toxiques). Sous le microscope, ces feuilles permettent d'observer une très belle adaptation à la sécheresse.

La coupe transversale du limbe d'une feuille de Laurier rose présentée ci-dessus a été colorée par de l'Etzold FCA : les cellules à parois lignifiées sont colorées en rouge/rose par la fuchsine basique, celles à parois subérifiées (quand elles existent) apparaissent en jaune/brun grâce à la chrysoïdine, et celles dont les parois sont restées cellulosiques sont teintées en bleu par le bleu astral.

De la face supérieure vers la face inférieure, on peut distinguer :

  • Un épiderme constitué d'une seule couche cellulaire et possédant une cuticule bien visible (en jaune).

  • Sous l'épiderme, un hypoderme formé de deux couches de petites cellules arrondies aux parois fines, ainsi que des renforts de collenchyme (ventral et dorsal) au niveau de la nervure centrale.

  • Un mésophylle clairement hétérogène, avec vers le haut un parenchyme palissadique formé de cellules rectangulaires aux nombreux chloroplastes serrées les unes contre les autres, et vers le bas un parenchyme lacunaire beaucoup plus lâche, avec de nombreuses lacunes.

  • Une nervure centrale avec un faisceau cribro-vasculaire entouré par une gaine périvasculaire de nature principalement cellulosique. En ce qui concerne les tissus vasculaires, on note un amas de xylème (secondaire et primaire) coloré en rose qui se démarque nettement, et qui est pris en sandwich entre un massif de phloème interne (primaire) et un massif de phloème externe (primaire et secondaire). Une mince assise génératrice de cambium est présente entre le xylème et le phloème externe. Il s'agit donc d'un faisceau cribro-vasculaire bi-collatéral ouvert.

  • Au niveau de l'épiderme inférieur (porteur lui aussi d'une épaisse cuticule), une crypte pilifère : il s'agit d'une cavité dont la lumière est comblée par un entrelacement de poils tecteurs épidermiques unicellulaires, et au niveau de laquelle s'ouvrent des stomates (aucun n'a été ici intéressé par le plan de coupe, mais plusieurs stomates sont bien visibles sur cette autre section, effectuée en dehors de la zone de la nervure centrale). C'est au niveau des cryptes pilifères que s'effectuent les échanges avec l'atmosphère. Avec des stomates regroupés dans des zones bien à l'ombre, et au niveau desquelles les mouvements d'air sont fortement réduits grâce à l'enchevêtrement des poils, la plante peut limiter de manière significative sa déperdition en eau.

Diagnose sur la coupe : La symétrie bilatérale, ainsi que la forme aplatie de l’organe signe clairement le limbe d'une feuille. Le fait que les nervures présentent des tissus secondaires issues d'un cambium, tout comme la nature hétérogène du mésophylle, orientent vers une dicotylédone. La présence de phloème primaire interne, qui coiffe donc le xylème, doit être noté. Elle est en effet caractéristique d'un petit nombre de familles, dont celles des apocynacées. Enfin, l'épaisseur de la cuticule (qui revêt les deux épidermes) et les cryptes pilifères constituent des adaptations remarquables aux milieux secs, où les pertes d'eau doivent être réduites au maximum.

 

Labrot © 1997-2025. Dernière mise à jour : 25 mai 2023. Des commentaires, corrections ou remarques ? N'hésitez pas, écrivez moi! index