Feuille d'eucalyptus (Eucalyptus cornuta), coupe transversale du limbe, nervure centrale (x10)

 

 

Les eucalyptus forment un genre (Eucalyptus) riche de plusieurs centaines d'espèces, le plus souvent arbustives ou arborescentes, et qui appartiennent à la famille des Myrtacées. Les feuilles des eucalyptus présentent, comme nous allons le voir, plusieurs caractéristiques étonnantes, ce qui rend les coupes très intéressantes à étudier dans le détail.

La coupe transversale du limbe d'une feuille d'Eucalyptus cornuta présentée ci-dessus a été colorée par l'Etzold FCA : les cellules à parois lignifiées sont colorées en rouge/rose par la fuchsine basique, celles à parois subérifiées (quand elles existent) apparaissent en jaune/brun grâce à la chrysoïdine, et celles dont les parois sont restées cellulosiques sont teintées en bleu par le bleu astral.

Depuis la face supérieure vers la face intérieure, on peut distinguer :

  • Un épiderme monocellulaire recouvert d'une cuticule, et portant également, point inhabituel pour un épiderme supérieur normalement exposé au soleil, des stomates.

  • Un parenchyme palissadique assimilateur constitué de cellules rectangulaires riches en chloroplastes, et qui laisse la place, sous les stomates, à des lacunes. Un amas de collenchyme est visible juste au-dessus de la nervure centrale. Ici et là sont aussi dispersées des cellules renfermant des druses d'oxalate de calcium.

  • Une poche à essence, formée par un espace central vide tapissé de cellules épithéliales sécrétrices plates.

  • Une nervure centrale dont la structure apparaît complexe. Celle-ci comporte tout d'abord un faisceau cribro-vasculaire abaxial, avec du xylème primaire et secondaire en position ventrale (ce qui est le cas du xylème pour la majorité des feuilles), et du phloème primaire et secondaire en position dorsale, avec entre les deux une mince assise génératrice de cambium. Cependant, le xylème apparaît aussi surmonté par des amas de phloème primaire interne (ce qui fait qu'il est pris en sandwich entre deux couches de phloème). Le faisceau en question est donc de type bi-collatéral ouvert. Pour compliquer le tout, au-dessus de ce faisceau se trouvent deux faisceaux adaxiaux, qui sont des répliques exactes du premier, mis à part le fait qu'ils sont plus petits et comme retournés : le xylème primaire et secondaire est cette fois ci dorsal, et il est surmonté par du phloème primaire et secondaire ventral. Le phloème interne primaire est là aussi également présent. Entre les tissus conducteurs se trouvent des îlots de parenchyme vasculaire. Enfin, les trois faisceaux sont entourés par une gaine de sclérenchyme plus ou moins lâche.

  • Au niveau de la face inférieure, on observe, là encore de manière inhabituelle, un parenchyme palissadique, qui laisse place ici et là à des lacunes délimitant un parenchyme lacunaire, ces dernières étant toutefois plus nombreuses que celles visibles sur la face supérieure.

  • Un épiderme inférieur, qui, comme l'épiderme supérieur, est lui aussi cutinisé et porteur de stomates.

Diagnose sur la coupe : La symétrie bilatérale, ainsi que la forme aplatie de l’organe signe clairement le limbe d'une feuille. L'hétérogénéité du mésophylle (parenchyme palissadique et lacunaire) ainsi que la présence de structures secondaires pointent vers une feuille de dicotylédone. Celle-ci exhibe cependant un certain nombre de caractéristiques particulières, qu'il convient de noter précisément. La nervure principale est tout d'abord composée de trois faisceaux, avec un xylème en position ventrale pour les deux plus petits situés vers le côté supérieur de la feuille. Dans chaque faisceau, le xylème est de plus bordé par deux couches de phloème (l'une externe, l'autre interne). Cette situation est typique de certaines familles, notamment celle des Myrtacées à laquelle appartiennent les eucalyptus. Deuxième point important, les deux épidermes, supérieur et inférieur, portent une cuticule et des stomates, et le parenchyme palissadique n'est pas restreint à la face supérieure : on le retrouve également, moins développé certes, au niveau de la face inférieure. Cette étrangeté s'explique par le fait que les feuilles d'eucalyptus possèdent souvent un port vertical. Enfin, des glandes à essence sont observables dans le limbe, les eucalyptus étant renommés pour leurs huiles essentielles, dont la phytothérapie et l'industrie alimentaire tirent profit.

 

Labrot © 1997-2025. Dernière mise à jour : 5 août 2023. Des commentaires, corrections ou remarques ? N'hésitez pas, écrivez moi! index