Capsule de stramoine commune (Datura stramonium), coupe transversale (x4)

La stramoine commune (Datura stramonium) est une plante herbacée appartenant à la famille de la pomme de terre, les solanacées. Elle se rencontre parfois dans les champs, les friches, les abords des routes, et derrière son aspect un peu discret, ses jolies fleurs blanches en forme de trompette dressée, elle cache une redoutable toxicité. En effet, presque toutes les parties de la plante renferment des alcaloïdes tropaniques, dont l'hyoscyamine et la scopolamine.

Nous allons nous intéresser ici au fruit de la stramoine, qui est une élégante capsule, c'est à dire un fruit sec s'ouvrant à maturité (déhiscent) par différents moyens (dents, pores, clapets, couvercle, système élastique, ou encore fentes comme dans le cas du datura), et formé par la réunion de plusieurs carpelles.

Comme chez les autres solanacées, l'ovaire gamocarpique de la stramoine résulte de la soudure de deux carpelles, qui sont séparés par une cloison médiane porteuse en son centre de deux imposants placentas. Cependant, chez le datura, chaque loge carpellaire est également scindée à nouveau en deux par une seconde fausse cloison, ce qui fait que l'ovaire est finalement divisé en quatre compartiments indépendants, tous porteurs d'ovules. Nous avons donc affaire à un ovule tétraloculaire pluriovulée à placentation axile.

À maturité, la paroi du fruit va se dessécher, et laisser apparaître sur sa face externe d'intimidantes épines acérées. La libération des graines va s'effectuer en deux stades. Dans un premier temps, une rupture septifrage va isoler la masse placentaire centrale et les septums de la paroi. L'ouverture proprement dite intervient dans un second temps, par le biais de deux fentes suturales (là où les carpelles se touchent, soit la zone d'attachement du septum primaire), et deux autres loculicides (au milieu des loges carpellaires, soit la zone d'attachement de la fausse cloison secondaire). La capsule fruitière mûre de la stramoine présente alors quatre valves écartées couvertes d'épines, exposant la colonne placentaire centrale et ses septums, ainsi qu'une multitude de graines noires réniformes, qui ne demandent plus qu'à rejoindre le sol pour qu'un nouveau cycle recommence.

La coupe présentée sur cette page a été colorée par de l'Etzold FCA : les cellules à parois lignifiées sont colorées en rouge/rose par la fuchsine basique, celles à parois subérifiées (quand elles sont présentes) apparaissent en jaune/brun grâce à la chrysoïdine, et celles dont les parois sont restées cellulosiques sont teintées en bleu par le bleu astral.

De la périphérie vers le centre, on peut notamment distinguer :

• La paroi des deux carpelles soudés entre eux.

• La cloison médiane (ou septum) délimitant deux loges carpellaires.

• Deux volumineux placentas centraux, sur lesquels sont insérés les ovules.

• Les ovules, qui après fécondation donneront des graines.

La fausse cloison, qui va scinder chaque loge carpellaire en deux nouveaux compartiments distincts (soit quatre au total), n'est ici pas encore établie.