Limbe d'une feuille d'Aloe vera passant par une épine, coupe transversale (x1)

 

 

L'Aloe vera est une plante succulente appartenant à la famille des Aloeaceae. Elle consiste en une tige basse qui porte un ensemble de feuilles lancéolées alternes, charnues, enchâssées les unes dans les autres et formant une rosette. Sur leurs marges se trouvent des épines ou dents généralement tendres, non piquantes. Renommé depuis l'Antiquité notamment pour ses usages médicinaux, l'Aloe vera est toujours utilisé de nos jours, par exemple en phytothérapie et en cosmétique, ou encore pour l'alimentation. Poussant en milieu aride, l'Aloe vera stocke d'une manière remarquable l'eau dans ses feuilles, et le microscope peut nous aider à comprendre d'une certaine manière par quel biais elle y parvient.

La coupe transversale du limbe d'une feuille d'Aloe vera étudiée ici a été colorée par la méthode de Robin Wacker. Avec cette technique, les cellules à parois lignifiées sont colorées en rouge/rose par le rouge d'acridine, tandis que les cellules dont la paroi est restée cellulosique sont teintées en bleu ou en vert par le bleu alcian. L'acriflavine colore quant à elle d'autres éléments en jaune ou orange, comme les cellules à parois subérifiées ou la cuticule.

La section obtenue montre clairement que la feuille peut être divisée en plusieurs parties bien distinctes :

  • A l'extérieur, on découvre un épiderme composé d'une seule couche de cellules dont la paroi est subérifiée. Cet épiderme est porteur d'une cuticule de relativement faible épaisseur mais néanmoins bien visible et de stomates, qui s'ouvrent parfois sur des chambres sous-stomatiques.

  • Juste sous l'épiderme se trouve une zone corticale composée de plusieurs couches de cellules assimilatrices chlorophylliennes qui forment un parenchyme palissadique. On peut apercevoir ici et là des cristaux, rhomboédriques ou en forme d'aiguilles groupées en paquet (raphides). Il s'agit sans doute de cristaux d'oxalate de calcium à rôle défensif, qui rendent l'ingestion des feuilles douloureuse et problématique pour les herbivores.

  • A la base de la zone corticale prennent naissance de nombreux faisceaux vasculaires organisés en un seul cercle, parallèles entre eux et tous formés sur le même modèle : au centre de chaque faisceau se trouve un petit amas de xylème, surmonté vers l'extérieur par un îlot de phloème, lui-même coiffé par un parenchyme vasculaire. L'ensemble est de plus entouré par une gaine vasculaire.

  • Enfin, la partie centrale de la feuille est occupée par un mésophylle non chlorophyllien composé de grandes cellules arrondies, polyédriques, possédant une paroi cellulosique très fine colorée en bleu. Bien que cela ne soit pas visible ici, la majeure partie du volume cellulaire est en fait occupée par une grande vacuole. Ces cellules produisent un abondant gel mucilagineux, dont le composant principal est un long polymère formé par la mise bout en bout d'unités glucomannanes. Ce gel est très riche en eau, et renferme également de nombreuses molécules organiques ainsi que des sels minéraux en solution. Contrairement à la partie externe verte de la feuille qui contient des composés potentiellement toxiques (et qui génère un latex ou suc quand elle est coupée ou broyée), le gel peut apparemment être consommé ou appliqué sur la peau sans trop de risques. Le mésophylle de l'Aloe vera est un très bon exemple de parenchyme aquifère, dont la fonction principale est la mise en réserve d'eau, stockée dans un gel. Notre coupe histologique n'indique cependant pas si ce gel est localisé au niveau des vacuoles, dans le cytoplasme, ou s'il est au contraire sécrété à l'extérieur des cellules, dans l'espace intercellulaires (les méats).

Diagnose sur la coupe : La symétrie bilatérale et la forme aplatie de l’organe caractérisent un limbe de feuille. Les faces supérieures et inférieures étant identiques, cette dernière est de plus équifaciale. La présence de stomates au niveau de l'épiderme implique que la plante pousse en milieu aérien. La présence et l'épaisseur de la cuticule, ainsi que l'existence d'un volumineux parenchyme aquifère (qui occupe une grande partie du volume interne de la feuille) sont des indices qui laissent penser que nous avons affaire à une plante xérophyte, adaptée à un environnement aride. Le grand nombre de faisceaux vasculaires et le fait qu'ils soient parallèles entre eux signent de plus l'appartenance aux  monocotylédones.

 

 
Limbe d'une feuille d'Aloe vera, coupe transversale, épiderme avec cuticule et stomates, parenchyme assimilateur chlorophyllien palissadique, parenchyme aquifère, Wacker (x10) L'image ci-dessus est annotée Limbe d'une feuille d'Aloe vera, coupe transversale, détails d'un faisceau vasculaire, Wacker (x17,5) L'image ci-dessus est annotée  

 

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