Patte postérieure d'une abeille ouvrière (Apis mellifera), brosses, peigne et poussoir (x4)

 

 

Comme tous les insectes, l'abeille (Apis mellifera) possède six pattes, qui sont des outils mécaniques très spécialisés, parfaitement adaptés à leurs multiples fonctions. Si les pièces buccales d'une abeille sont surtout dédiées à la collecte du nectar, ses pattes sont elles surtout orientées, outre la locomotion, vers la récolte du pollen, ainsi que sa manipulation.

La photomicrographie présentée sur cette page est celle de la face intérieure d'une patte postérieure d'une abeille ouvrière. Pour réaliser ce type de préparation microscopique, qui montre un organe complet, les tissus internes sont généralement dissous par une solution de soude ou de potasse, avant que le squelette chitineux restant ne soit rendu plus transparent par un produit éclaircissant ou dépigmentant, comme par exemple le chloralphénol ou l'eau oxygénée.

Comme les autres pattes, la patte postérieure de l'abeille comporte cinq segments. Au plus près du thorax, relié à lui, se trouve la hanche (ou coxa). Vient ensuite le trochanter, le fémur oblong, le tibia, allongé lui aussi, et enfin le tarse, lui-même composé de 5 parties : le basitarse, très allongé, et quatre segments plus petits, les tarsomères. Enfin, à l'extrémité du dernier tarsomère se trouvent deux paires de griffes (une grande et une petite) encadrant un coussinet spongieux (le pulvillus) capables de sécréter une substance collante, l'ensemble permettant à l'abeille de s'accrocher au moindre support, qu'il soit rugueux ou au contraire parfaitement lisse. Dans la ruche, les crochets servent également à manipuler la cire.

L'une des fonctions principales de la patte postérieure d'une abeille ouvrière est de rassembler et de manipuler les grains de pollen qui adhérent au corps de l'insecte. Lorsqu'une ouvrière visite une fleur, elle se tarde pas à être recouverte de grains de pollen, retenus par les très nombreux poils de la tête et du thorax. Le pollen est d'abord brossé par la patte antérieure, avant d'être transmis à la patte médiane, pour enfin être pris en charge par les 9 rangées de brosses de la face interne du basitarse de la patte postérieure.

Grâce à l'action combinée de deux outils, le peigne ou râteau (un ensemble d'épines chitineuses fixées sur le bord distal interne du tibia) et le poussoir ou presse (partie aplatie se trouvant sur le bord proximal du basitarse et qui peut appuyer sur le fémur), l'abeille va fabriquer une petite pelote de pollen. Celle-ci sera ensuite poussée grâce au poussoir dans la corbeille, une dépression allongée située sur la face externe du basitarse, et garnie de poils incurvés permettant de retenir les masses de pollen.

Boulette après boulette, en faisant interagir l'une contre l'autre ses deux pattes arrières, l'abeille va remplir ses deux corbeilles, jusqu'à que ces dernières soient pleines. Il ne reste alors plus à l'industrieux insecte qu'à retourner à la ruche pour délivrer sa précieuse cargaison. Une fois mélangé avec du miel et conservé dans des alvéoles spécialisées, le produit obtenu servira à nourrir les larves.

Si le niveau de spécialisation de la patte postérieure de l'abeille est remarquable, d'autres adaptations méritent également d'être mentionnées, comme les brosses des pattes médianes, ou le peigne à antenne de la patte antérieure. Pour nettoyer au mieux ses antennes, organe incroyablement sensible et très précieux pour la vie de n'importe quel insecte, l'abeille peut les insérer entre une entaille semi circulaire (située sur l'extrémité proximale du basitarse) garnie de dents et un ergot mobile, localisé sur le bord distal du tibia, et responsable du maintien en place de l'antenne pendant son brossage. Des poils permettant de retenir le pollen se trouvent également sur le fémur et le tibia de la patte antérieure, et le basitarse est également porteur d'un nombre impressionnant de poils.

 

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