L'envol de Mars

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Note : 4 etoiles
Auteur :
Greg Bear
Editeur
: Robert Laffont
(*)
Parution : 1993 (1999 pour cette édition)
Epaisseur : 670 pages

L'envol de Mars de Greg Bear Greg Bear, l'auteur de monuments comme Eon (et sa suite Eternité), Oblique ou encore La reine des Anges s'est attaqué à la planète rouge et nous livre avec l'Envol de Mars un véritable chef-d'oeuvre.

Nous sommes en 2171. Le système solaire compte désormais trois acteurs : la Terre, qui règne en maître, et qui tient la Lune sous sa coupe, et enfin Mars, une planète encore plongée dans l'innocence de sa 53ème année. Sur la planète rouge, une jeune femme, Casseia Majumdar, va lentement faire l'expérience du pouvoir et croiser le chemin d'un jeune physicien de génie, Charles Franklin, dont les découvertes changeront à jamais le visage du système solaire.

Intrigues politiques, guerre d'influence, découvertes scientifiques, percées technologiques, histoire d'amour, l'envol de Mars est un récit ou tout se mêle. Dense et fouillé, il s'inscrit pleinement dans le courant de la hard-science, cette science-fiction solidement étayée par un luxe de détails et de précision, que ce soit dans les domaines scientifique, technologique ou social.

Dans l'envol de Mars, le futur de la planète rouge est entrevu au travers du regard de Casseia Majumdar. Greg Bear a accordé beaucoup d'attention à son personnage, et même si certains développements pourront paraître caricaturaux, Casseia Majumdar devient très rapidement un caractère attachant. Si son destin, ainsi que celui de Charles Franklin constituent l'ossature du roman, Greg Bear a apporté un soin tout particulier à la description de la planète Mars, à tel point qu'elle constitue ici un personnage à part entière. Ses descriptions, plus poétiques encore que celles d'un Kim Stanley Robinson, rendent à merveille la bouleversante solitude des déserts de sable rouge, d'autant que la planète accueille des fossiles d'organismes fantastiques, qui ajoutent encore au sentiment de merveilleux qui se dégage de l'ouvrage. Greg Bear a en effet inventé des écosystèmes très détaillées, peuplés de ponts-aqueducs (de véritables canaux vivants qui n'auraient pas déplu à Schiaparelli ou Percival Lowell), de cystes mères, de bauplan cogénotypé de Foster, ou encore de Mako d'Archimède, organismes fictifs à la biologie aussi fascinante que celle des fameux vers de Dune. La technologie n'est pas non plus en reste, et les lecteurs retrouveront avec un certain plaisir les machines de la Reine des anges, des nanorobots aux penseurs. Les nanotechnologies sont très présentes dans l'envol de Mars, ce qui donne au roman une saveur particulière.

Si l'envol de Mars démarre plutôt lentement, la tension ne cesse de monter au fil des pages, pour exploser de manière paroxysmique dans les derniers chapitres. A la fin, il est tout bonnement impossible de lâcher le roman qui offre l'un des finals les plus éblouissants que la science-fiction peut offrir.

Dans sa dernière partie, l'intrigue délaisse effectivement les destins individuels pour embrasser le système solaire dans son entier. De tous les avenirs jamais rêvés pour la planète rouge, celui proposé par Greg Bear est sans doute le plus inattendu, le plus spectaculaire, et aussi le plus beau. A ce niveau, l'auteur se hisse au niveau de Ray Bradbury et de la vision prophétique qu'il nous offre dans ses chroniques martiennes. Même le formidable effort de terraformation entrepris dans le cycle de Kim Stanley Robinson, Mars la rouge, Mars la verte, Mars la bleue, parait bien pâle a coté du destin que Greg Bear réserve à Mars.

Pourtant, la comparaison avec la trilogie fleuve de Kim Stanley Robinson (inévitable puisque les deux romans traitent du futur de la planète Mars) n'est pas en faveur de Greg Bear. L'envol de Mars n'a pas la même envergure que Mars la rouge, Mars la verte et Mars la bleue (ce qui n'a finalement rien d'étonnant puisque l'histoire de Robinson s'étale sur 2000 pages, alors que l'envol de Mars est un roman unique de taille moyenne) et les aficionados de la trilogie arc-en-ciel pourraient être déçus. Certes, dans l'envol de Mars les événements sont vus par les yeux d'une seule personne, Casseia Majumdar, là ou Robinson multipliait les points de vue par le biais des principaux cent premiers. Certes, les deux ouvrages multiplient les excursions dans des domaines aussi différents que variés pour tenter d'apporter le plus de véracité à l'Univers qu'ils décrivent, et il existe donc une certaine similitude entre eux (renforcée par le fait que dans les deux cas, la Terre ne peut pas s'empêcher d'adopter des attitudes belliqueuses vis à vis de Mars).

Néanmoins, l'envol de Mars n'est absolument pas une réduction, un condensé de la trilogie de Kim Stanley Robinson. D'une rare intelligence, solide et documenté, mêlant technologie, science et politique, le roman de Greg Bear est suffisamment cohérent pour constituer une alternative brillamment écrite à la trilogie de Robinson, et non une simple imitation. Ainsi, si vous désirez lire un premier roman martien, ou si la trilogie de Kim Stanley Robinson vous intimide, jetez un oeil sur l'envol de Mars. Ce petit chef d'oeuvre vous transportera comme peu de romans de science-fiction savent le faire ...

(*) Ce roman est aussi disponible en format broché.

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