En avant Mars !

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En avant Mars !
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Note : 2 etoiles
Auteur :
Vladimir Pletser
Editeur
: Editions Labor
Parution : Février 2003
Epaisseur : 197 pages

En avant Mars ! de Vladimir Pletser En avant Mars ! est le cri de ralliement de la Mars Society, une organisation internationale qui tente de promouvoir des missions habitées vers la planète rouge. L'une des actions les plus spectaculaires de ce groupe de passionnés a été d'ériger, dans des régions terrestres hostiles, des bases martiennes miniatures. Ce livre constitue le journal de bord de Vladimir Pletser, un candidat astronaute belge qui a participé à deux rotations dans les avants postes martiens de la Mars Society.

La première partie du livre décrit une campagne de simulation effectuée en juillet 2001 sur l'île de Devon, depuis la sélection des candidats et la préparation de la mission, jusqu'au déroulement des opérations. Pendant une semaine, les apprentis astronautes ont vécu dans un caisson de 8 mètres de diamètre et de 6 mètres de haut, pour conduire toutes sortes d'expériences (en géologie, géophysique, biologie et psychologie) et étudier les aspects opérationnels d'une mission martienne. Située dans le grand nord canadien, l'île de Devon est sans doute l'une des régions terrestres qui ressemblent le plus à Mars. Les règles très strictes observées par l'équipage (respect d'un délai de communication entre l'habitat martien et le centre de contrôle, port obligatoire de combinaisons spatiales pour les sorties extravéhiculaires ...) augmentaient encore l'impression de se trouver sur une autre planète.

Le journal de bord tenu par Vladimir Pletser est vivant, et l'on suit avec intérêt et amusement les réussites ou déboires de l'équipage. L'auteur clôt cette première partie en présentant les principales leçons de la simulation. Si une petite semaine de confinement ne permet certes guère d'aborder les problèmes psychologiques (qui constituent vraisemblablement, bien plus que les aspects techniques et politiques, le principal obstacle à une mission habitée vers Mars), plusieurs points ont cependant pu être soulevé, comme les multiples contraintes posées par les scaphandres lors des sorties extravéhiculaires, ou la nécessité absolue de disposer d'un système de navigation de type GPS.

La deuxième partie de l'ouvrage est consacrée à une nouvelle campagne, qui a lieu cette fois-ci dans une région aux couleurs typiquement martiennes, le désert de l'Utah aux Etats-Unis. D'une durée de deux semaines, cette seconde simulation est plus aboutie que la première : non seulement l'équipage est déjà plus expérimenté, mais la base s'est également agrandie grâce à l'ajout d'une petite serre. Après une description quotidienne de la vie à bord, l'auteur présente à nouveau les enseignements tirés de la simulation. L'un des plus marquants concerne les problèmes posés par les assauts incessants du sable et de la poussière. Sur Mars, la poussière sera donc bel et bien un véritable fléau pour les explorateurs : aussi fine que du talc, elle s'infiltrera avec encore plus de facilité que le sable terrestre dans les joints, les délicats systèmes électroniques ou les poumons des astronautes. Un autre point intéressant concerne l'étonnant rôle psychologique que peut jouer une serre, même de dimension modeste. Comme les cosmonautes de la station MIR l'ont découvert, les activités de jardinage peuvent être d'une aide précieuse pour supporter l'isolement (à ce sujet, on pourra également lire avec intérêt le roman Titan de Stephen Baxter, qui décrit à merveille l'isolement d'un équipage d'astronautes, ainsi que les contre-mesures mises en oeuvre).

En avant Mars ! est donc un excellent moyen de découvrir les activités de la Mars Society, et les principaux problèmes auxquels seront confrontés les premiers hommes qui fouleront le sol ocre et poussiéreux de Mars. C'est également un guide indispensable pour les éventuels prétendants aux campagnes de simulation que la Mars Society organise chaque année, d'autant que deux nouvelles bases doivent être prochainement assemblées en Islande (Euro-Mars) et en Australie.

S'il est indéniable que ces simulations peuvent permettre de sensibiliser le public aux enjeux de l'exploration martienne (et pourquoi pas faire naître des vocations), le lecteur sera cependant en droit de s'interroger sur leurs utilités réelles. Le manque de moyens et l'amateurisme qui imprègne certains aspects de ces campagnes laissent effectivement planer un doute sur l'intérêt des simulations réalisées par la Mars Society.

Dans certains domaines, le terrain a déjà été défriché plus qu'efficacement par l'étude de groupes vivant en milieu confiné dans des environnements extrêmes (sous-marins, plateforme pétrolière, stations de recherche en antarctique), et nos apprentis martiens courent donc le risque de redécouvrir des évidences. De plus, malgré un bénévolat et une motivation qu'il faut saluer, la Mars Society ne peut compter que sur des budgets anémiques, qui n'ont rien en commun avec ceux des agences spatiales, ce qui empêche l'organisation de réaliser des expérimentations dignes de ce nom. Nul doute cependant que la qualité des campagnes augmentera d'années en années, avec l'expérience et l'utilisation de nouveaux équipements.

Au final, ce sera au lecteur de juger si ces campagnes sont simplement une fantaisie de passionnées, ou si elles constituent au contraire une étape importante vers l'arrivée de l'homme sur Mars ...

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